Histoire

Une historienne raconte
le Transpyrénéen Pau-Canfranc

Par Sébastien Lamarque
Publié le 29/10/2012 à 06:00 h 
Mise à jour : 29/10/2012 à 10:56 h

Régine Pehau-Gerbet devant la voie ferrée qui passe en grande partie sous Oloron-Sainte-Marie
[photo Sébastien Lamarque].

Régine Péhau-Gerbet

a toujours évité le train-train. Cette professeur d’histoire géographie en retraite anticipée (elle confie avoir du mal, à cinquante-cinq ans, à employer le mot retraite) s’est penchée dès son arrivée en vallée d’Aspe sur l’histoire de la construction du Transpyrénéen, cette fameuse ligne ferroviaire entre Pau et Canfranc qui convoque, cent cinquante ans après sa naissance, la mémoire de Louis Barthou.

Auteur d’un mémoire de maîtrise sur le sujet en 1984, elle a remis le travail sur l’établi depuis un peu plus d’un an, complétant ses sources, avec la volonté d’éditer un jour prochain un livre complet sur cette épopée du chemin de fer en vallée d’Aspe.

« Comme je souhaitais mieux connaître la vallée et ses habitants, je me suis naturellement intéressée à la voie ferrée, explique Régine Péhau-Gerbet. Et je me suis moins intéressée à l’aspect technique de la construction qu’à l’aspect social et humain : les quelque 2 000 ouvriers qui ont été les véritables bâtisseurs de cette voie ferrée, et qui étaient, à 80 % d’origine espagnole. »

Des témoignages d’ouvriers

Installée en 1978 en vallée d’Aspe, dans le sillage de son mari muté au Parc national des Pyrénées, elle achève sa licence d’histoire à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. « Deux enfants plus tard », elle se lance dans son mémoire sur l’épopée du Transpyrénéen, Du viaduc d’Escot à la frontière espagnole.

L’Aragon désire cette ligne dès 1854. En France, Louis Barthou en fait l’un de ses principaux arguments de campagne lors de sa première élection comme député 1889. Le projet sera validé en 1907 et la ligne enfin ouverte en 1928. « Le Transpyrénéen aura représenté un combat de 40 ans pour Louis Barthou », résume l’historienne.

Elle appuie ses recherches sur des sources « classiques » : archives départementales, presse de l’époque, dont Le Glaneur, hebdomadaire oloronais tout dévoué à Louis Barthou. Mais l’historienne va plus loin. « J’ai aussi réalisé une enquête orale auprès des derniers témoins de cette construction, vingt-cinq personnes qui avaient déjà à l’époque entre soixante-quinze et quatre-vingt-dix ans. Toutes ont eu un lien direct ou indirect avec la construction de la voie ferrée. Certaines ont même travaillé sur cette ligne. »

« Le théâtre de véritables exploits techniques »

Grâce à des collectionneurs particuliers, Régine Péhau-Gerbet met à jour une iconographie riche, des photographies et cartes postales d’époque qui laissent entrevoir les conditions difficiles de travail et d’hébergement des ouvriers du rail. « Aux Forges d’Abel, les ouvriers étaient logés dans des cabanes sordides composées de simples planches, même en plein hiver. »

Un aspect rarement abordé dans les recherches existantes sur la ligne Pau-Canfranc. Régine Péhau-Gerbet cultive sa différence. Enseignante, elle a ainsi essentiellement officié dans des lycées agricoles (à Oloron à l’époque où l’établissement était encore abrité à la villa Bourdeu) ou professionnels (Honoré-Baradat à Pau). Elle en vient à se spécialiser dans la prévention de l’illettrisme, l’aide aux élèves en difficulté ou non francophones.

Régine Péhau-Gerbet est aujourd’hui aussi une militante de la réouverture de la ligne « ne serait-ce que pour en préserver la mémoire ouvrière et le patrimoine architectural exceptionnel », plaide-t-elle. Le Transpyrénéen a été « le théâtre de véritables exploits techniques », ouvrages d’art en taille de pierre ou creusés à la dynamite. À l’instar de ses ouvriers, la voie ferrée veut sortir de l’oubli.

De Louis Barthou à… Alain Rousset

Louis Barthou (1862-1934), homme politique oloronais de premier plan, fit du Transpyrénéen « un combat de quarante années » avant de le voir aboutir. « Sa position de ministre des Travaux publics lui a permis d’aplanir un certain nombre de difficultés. » Est-ce à dire que le président de la région Aquitaine, Alain Rousset, actuel fervent défenseur de la réouverture de la ligne (il en fait lui aussi un argument de campagne) devrait être ministre pour faire accélérer le projet ? « Il devra s’inspirer de la détermination et de l’insistance de ses prédécesseurs, analyse l’historienne. Je crois qu’il a de la persévérance. Il va en falloir beaucoup ! »

 

Rappelons le 20 octobre à Oloron, à 9:45 h :

salle Jéliote, Régine Péhau-Gerbet présentait une conférence
« Louis Barthou et le Canfranc »

La Région Aquitaine et l’Aragon organisent une cérémonie à Canfranc

La Région Aquitaine et l’Aragon organisent
une cérémonie à Canfranc
le 13 octobre 2012

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

13 octobre 1912 — 13 octobre 2012

100 ans après le percement du tunnel du Somport, l’Aquitaine et l’Aragon unissent de nouveau leurs efforts pour la réouverture de Pau-Canfranc.

Alain Rousset, président du Conseil régional d’Aquitaine, Bernard Uthurry, premier vice-président du Conseil régional en charge des infrastructures et des transports, et Luisa Fernanda Rudi Ubeda, présidente du gouvernement d’Aragon, vous convient à la cérémonie donnée à l’occasion des 100 ans du percement du tunnel ferroviaire du Somport ce samedi 13 octobre 2012. Rendez-vous à 10 h en gare d’Oloron-Sainte-Marie.

Le tunnel international du Somport sur la ligne ferroviaire Pau–Canfranc–Saragosse a été définitivement percé le 13 octobre 1912, date à laquelle les ouvriers français et espagnols se sont rencontrés pour la première fois.

L’anniversaire de la rencontre des ouvriers français et espagnols dans le tunnel du Somport est l’occasion de fêter le partenariat existant depuis longtemps entre l’Aquitaine et l’Aragon. Il s’agira de mettre en lumière la coopération existante entre ces deux collectivités et plus particulièrement autour du projet de réouverture de la ligne ferroviaire Pau–Canfranc–Saragosse.

À titre de rappel, le Conseil régional d’Aquitaine a décidé d’affecter, en octobre 2011, une enveloppe de 105 000 000 € nécessaires à la reprise de circulations ferroviaires sur la section Oloron-Sainte-Marie–Bedous pour un démarrage des travaux en septembre 2013 et une livraison avant fin 2015.

La Région Aquitaine est également chef de file du projet européen « Canfraneus : pour une réouverture de la ligne ferroviaire internationale Pau–Canfranc » présenté au titre du Programme Opérationnel de Coopération Territoriale Espagne-France-Andorre (POCTEFA) 2007-2013.

Une fois régénérée la section entre Oloron et Bedous, il restera à remettre en état la partie entre Bedous et Canfranc, d’une longueur de 32 km aboutissant à la réouverture complète de la ligne jusqu’à Saragosse. Cette réouverture permettra de rétablir une liaison internationale entre l’Aquitaine et l’Aragon, interrompue depuis 1970 afin de développer le fret ferroviaire et le trafic voyageur, aussi bien pour les liaisons locales que pour les déplacements internationaux de longue distance et de « tester » l’intérêt d’un grand tunnel ferroviaire sous les Pyrénées pour un coût à la tonne transportée comparable à ceux de ce type de grand projet.

La ligne Pau-Canfranc est ainsi inscrite au projet de Schéma national des Infrastructures et des Transports (SNIT). Par ailleurs, dans le cadre de la proposition de révision du futur RTE-T 2014-2020, la commission européenne a inscrit en octobre 2011 l’axe ferroviaire Pau–Oloron–Canfranc–Saragosse dans le réseau global. Des financements vont donc être sollicités au titre du RTE-T 2007-2013.

La Coopération Aragon-Aquitaine. — Depuis 2001, la Région Aquitaine a signé avec la communauté autonome d’Aragon un protocole de coopération dans lequel sont prévus des activités en commun. Ce programme permet d’accompagner des opérateurs de projets Aquitains et Aragonais. Une trentaine de projets transfrontaliers sont ainsi soutenus annuellement grâce à une enveloppe de 250 000 € abondée par la Région Aquitaine et autant par le Gouvernement d’Aragon.

Centenaire

L’an 100
de la volonté d’ouverture

Le samedi 13 octobre 2012 on a commémoré en grande cérémonie le centenaire de la jonction réussie au pouce près dans la première traversée pyrénéenne. Ainsi s’ouvrait une ère de dynamisme dans les échanges européens. On sait ce qu’il en fut deux ans après, la guerre reporta l’inauguration du tunnel à plus tard, mais elle se fit, car la nécessité de la communication était installée. Cent ans plus tard, d’autres considérations rendent encore plus nécessaires ce vecteur qui passe sous les montagnes, les travaux pharaoniques de tunnels ferroviaires entrepris partout dans le monde entier nous montrent qu’il serait contraire à la raison d’ignorer le moindre tunnel existant et qu’on sait indispensable. C’est ce qui a été précisé samedi — hélas encore à demi-mot — alors que le CRÉLOC et la CREFCO rappelaient que la nécessité était bien plus pressante et ne devait souffrir aucun report.

Rappelons en préalable que le tunnel ferroviaire du Somport sert actuellement de galerie de secours au tunnel routier, les deux ouvrages étant globalement voisins. Grâce à l’action efficace de Fernando Sánchez Morales, maire de Canfranc, la CREFCO et le CRÉLOC ont pu bénéficier de l’amabilité de la société exploitante du tunnel routier du Somport pour accéder au cœur du tunnel ferroviaire. Cette visite d’exception — précédant de quelques instants la cérémonie officielle du centenaire du tunnel ferroviaire — a permis de constater l’excellent état de l’ouvrage, garantie supplémentaire pour une réouverture totale du Canfranc dans le meilleur délai et à moindre coût.

François Rebillard, notre photographe-secrétaire a immortalisé, au moins pour les cent ans à venir, les instants clés de cette journée.

La plaque du jour qui est destinée à durer encore cent ans.

Devant la plaque qui vient d’être inaugurée,
d’avant en arrière, Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques, Bernard Uthurry, Maire d’Oloron-Sainte-Marie,
Martine Lignières-Cassou, maire de Pau, Alain Rousset, président de la Région Aquitaine,
Luisa Fernanda Rudi Úbeda, présidente de la Région Aragon et Fernando Sánchez Morales, maire de Canfranc.

Bas-relief héraldique en tête de l’entrée de la tête sud du tunnel.
La sculpture a été restaurée et respectée. Le blason est bien celui de l’Espagne,
cependant quelques meubles mériteraient être analysés, non pour les actualiser,
mais pour qu’on soit en mesure de les commenter.
Il est dommage que la devise héraldique de l’Espagne n’y figure pas
« PLUS ULTRA » (« plus outre » ou « plus au-delà » ou « más allá ») ce qui irait très bien à ce tunnel.

Les trois photos suivantes sont à mettre au crédit de Marie-Christiane Aubert, fille du président fondateur du CRÉLOC, le docteur Charles-Gérard Vaillant.

Au cœur de l’action, le président Alain Cazenave-Piarrot (face à nous)
et Jacques Couratte-Arnaude porteur du drapeau tricolore du nord des Pyrénées.
Ce qu’on peut dire, c’est que les bandes réfléchissent aussi dans l’ombre.

intense émotion dans le tunnel (à 5 km de la tête nord et à 3 km de la tête sud),
avec les drapeaux espagnol et français, plus les couleurs aragonaises et béarnaises.
L’emblème du Béarn est déployée, à gauche, par Luis Granell, président de la CREFCO,
assisté de François Rebillard, secrétaire du CRÉLOC.

invités de marque participent à la cérémonie du centenaire :
Guillaume Pépy (cartable en main), président de la SNCF et
René Rose, président de la Communauté des communes de la vallée d’Aspe.

1912 ••• 2012

La presse en rend compte

⇒ Le Sud Ouest fait la relation de l’événement

⇒ La République des Pyrénées fait une rétrospective illustrée

 

1912 ••• 2012

Publié le 13/10/2012 à 16h39
Mise à jour : 13/10/2012 à 18h44
Par Nicolas Rebière

Ligne Pau-Canfranc :
un centenaire plein de symboles

On a surtout parlé de la réouverture de la ligne ferroviaire Pau-Canfranc ce matin, au moment de célébrer les 100 ans du percement du tunnel du Somport.

Alain Rousset, président de la Région Aquitaine et Luisa Fernanda Rudi Ubeda, présidente du gouvernement d’Aragon ont dévoilé ce matin une plaque pour commémorer les 100 ans du percement du tunnel ferroviaire du Somport, ce matin à Canfranc, premier village aragonais après la vallée d’Aspe.

Une cérémonie symbolique, qui a surtout été l’occasion pour ces deux représentants politiques de réaffirmer leur volonté de voir un jour rouvrir la ligne ferroviaire entre Oloron et Canfranc. Une ligne inaugurée en 1928 et abandonnée en 1970 suite à l’effondrement d’un Pont à l’Estanguet.

Depuis, régulièrement, associations mais aussi politiques relancent l’idée d’une réouverture de cette ligne, à des fins de transports de voyageurs, mais aussi de marchandises.

La présence de Guillaume Pépy, le PDG de la SNCF, mais aussi de Jean-Marie Paquet, directeur des réseaux transfrontaliers de l’Union européenne, appelée à la rescousse sur ce dossier, laissait entrevoir quelque optimisme, notamment parmi les membres d’associations qui militent depuis des années pour le retour du rail en Vallée d’Aspe, comme le CRELOC par exemple.

En octobre 2011, la Région Aquitaine a voté une enveloppe de 105 millions d’euros pour la réouverture de la ligne entre Oloron et Bedous, en Vallée d’Aspe. Reste à trouver le financement pour la dernière partie du trajet, entre Bedous et Canfranc, avec la réhabilitation du tunnel, qui devrait coûter 40 millions d’euros. « Possible à l’horizon 2018 à 2020 », estimait ce matin Alain Rousset.

Luisa Fernanda Rudi Ubeda et Alain Rousset, devant l’entrée du tunnel centenaire, mais abandonné.
(photo David Deodic)

Des associations favorables à la réouverture de la ligne ont fait le déplacement jusqu’à Canfranc.
(photo David Deodic)

Le tunnel est abandonné, mais dans un parfait état, ont pu constater les élus.
(photo David Deodic)

1912 ••• 2012

 

100 ans : la saga du Somport

Par Gérard Cayron
Publié le 13/10/2012 à 06h00,
mis à jour : 13/10/2012 à 12h32

 

C’était un dimanche. Le 13 octobre 1912, après quatre années de dur labeur, ils voient enfin… le bout du tunnel. Il y a tout juste un siècle, ouvriers français et espagnols se rencontraient, à 500 mètres sous terre et au point de jonction prévu, achevant dans un geste symbolique le percement de cette traversée pyrénéenne.

Les partisans du Somport allaient devoir attendre encore… 13 ans (1) avant de voir un premier train emprunter ce tunnel. Mais, après tout, peu importe ! « Le Somport, c’est une belle histoire et, pour nous, un véritable symbole. Quand les deux galeries creusées côtés français et espagnol se sont rejointes, c’était pour la Navarre l’aboutissement d’un rêve vieux de 35 ans. Voilà pourquoi les commémorations de samedi sont très importantes à nos yeux », soupire Luis Granell, l’un des inspirateurs de la Crefco (2), une puissante coordination mêlant associations, syndicats, mouvements ouvriers…

Pour cet observateur averti, le percement réalisé il y a un siècle n’est pas seulement un chantier transfrontalier. « Peu de gens le savent, mais on utilisait à l’époque des techniques d’avant-garde », reprend Luis Granell avant d’évoquer quelques aspects méconnus de cette affaire. Exemple : « La compagnie espagnole Norte avait concédé les travaux à Calderai e Bastianelli, des Italiens installés à Bilbao. Ces gens-là maîtrisaient déjà la technique de triangulation effectuée, côté français, à partir du pic d’Acué, au-dessus des Forges d’Abel. Lors de la jonction, il n’y a eu que… 2,5 centimètres d’écart par rapport à leurs prévisions ! »

Autre singularité, les engins utilisés pour poser chaque charge de dynamite sous la montagne fonctionnaient grâce à l’énergie produite par les centrales hydro-électriques du coin, dont celle des Forges d’Abel.

De nombreux accidents, parfois mortels, n’en jalonnent pas moins l’histoire du tunnel.

« Les autorités ont très peu communiqué sur ce sujet », déplore Luis Granell. « On sait que, à partir de 1910, il y a plusieurs dizaines de problèmes, avec des morts dans certains cas, mais le nombre de victimes n’est toujours pas connu à ce jour ». Seule l’histoire de Lorenzo Beltran, enfant de Canfranc, tué par une explosion à l’âge de 14 ans, est remontée à la surface. Côté français, on évoque aussi, mais sans plus de précision, une importante voie d’eau survenue en octobre 1911 près de la tête du chantier stoppé quinze jours.

Selon différentes sources, « au moins 500 ouvriers espagnols, sans compter ceux qui s’étaient fait embaucher sur le versant français », ont participé à l’ouvrage. Les conditions de travail des personnels employés à l’intérieur du tunnel « étaient infernales » rappelle Luis Granell. « Plusieurs grèves ont éclaté avec un retentissement important en Aragon ». Ces ouvriers, qui réclamaient des augmentations, gagnaient à l’époque 4,5 pesetas par jour. Soit, à titre de comparaison, l’équivalent de 2 centimes d’euro…

(1) L’équipement a été livré en septembre 1915, puis inauguré en juillet 1928 seulement.

(2) La Coordinadora para la reapertura del Ferrocarril Cafranc-Oloron (Crefco) est le pendant du comité béarnais, le Creloc.

>> Aujourd’hui : une voie de secours et un labo… en attendant la réouverture

En attendant une réouverture de la ligne ferroviaire, très improbable avant les années 2020-2025, le tunnel du Somport, classé monument historique depuis fin 1984, n’est pas totalement inutile.

Il sert notamment de voie de secours, en cas d’urgences, pour son « jumeau » routier inauguré en janvier 2003.

On sait moins en revanche que ce tunnel ferroviaire a retrouvé, depuis 1985, une intense activité souterraine, à plus de 800 mètres de profondeur. En tapant « Canfranc Underground » sur un moteur de recherches, on peut ainsi visiter les installations du LSC. Il ne s’agit pas d’un nom de code, mais du laboratoire de physique nucléaire et des hautes énergies de l’université de Saragosse, laquelle est jumelée avec la fac de Pau et des pays de l’Adour.

Les chercheurs travaillant sur cette installation de très haut niveau se consacrent notamment à l’étude de la matière noire, qui permet d’estimer la densité de l’univers et la masse des galaxies, ainsi qu’à la compréhension du fonctionnement des neutrinos (particules élémentaires).

Pour mémoire, à partir de 1908 et après des travaux quasiment ininterrompus y compris pendant la Première guerre mondiale, le tunnel a été achevé dans les délais à peu près impartis (soit 7 ans).

Sa longueur totale est de 7,8 kilomètres, dont un peu plus de 4 000 mètres côté français. L’ouvrage fait 6 mètres de haut pour 4,75 m de large et sur une seule voie.

Luis Granell, homologue du Créloc en Aragon.

C’est parfois à la dynamite que les travaux de percement ont été réalisés.
Et les moyens utilisés à l’époque, pour extraire des tonnes de déblais, étaient évidemment rudimentaires.
(photos extraites du livre Canfranc, el mito – éditions Pirineum).

Sur les deux versants, plusieurs dizaines d’Espagnols ont été embauchés pour réaliser le tunnel du Somport.
(photos extraites du livre Canfranc, el mito – éditions Pirineum).

C’est près des Forges d’Abel que débutèrent les travaux de percement, côté béarnais.
(photos extraites du livre Canfranc, el mito – éditions Pirineum).

Tunnel 1912

Tunnel 1912

[ Document Jean Brenot ]

Au lendemain de la jonction, les ouvriers espagnols se réunissent pour célébrer le percement du tunnel du Somport.

Reproduction d’un cliché extrait du site Mémoire d’Aspe.

Lu en attendant le train 

Le rail en Béarn 1838-1918

Les publications littéraires sur le rail en Béarn sont rares. Cet ouvrage de 240 pages illustrées, édité en juin dernier, cite toutes les lignes de chemin de fer créées ou en projet de 1838 à 1918 dans le Béarn : lignes à voie normale, à voie étroite, trams urbains et funiculaire. Aux aspects sociaux-économiques, s’ajoute la chronologie des inaugurations des différents tronçons. Le Canfranc est naturellement en bonne place.

Quand et comment, en Béarn, est-on passé des interminables trajets vers les marchés des centres urbains, à pied ou à l’aide de la traction animale, au chemin de fer rapide et confortable ? Dans quelles circonstances a-t-on pu s’affranchir de chemins et de routes si longtemps et si souvent impraticables pour avoir la possibilité de gagner chefs-lieux, villes et villages sans affronter les pénibles aléas de ces voyages ?

C’est ce que vous montre cet ouvrage abondamment illustré. Il satisfera tant les amoureux du rail que le public des non-spécialistes intéressés par l’histoire régionale. Ces derniers ne se sentiront pas noyés par d’abondantes informations techniques dont sont riches les revues spécialisées qui, il y a maintenant plus d’un quart de siècle, se sont ponctuellement et brièvement intéressées au sujet.

C’est une histoire de trains d’intérêt général et local, de tramways départementaux à vapeur de notre province qui est ici retracée. C’est la naissance et le développement des tramways urbains de Pau, omnibus à chevaux puis tramways électriques, de son funiculaire maintenant centenaire que vous allez ici découvrir.

Sommaire

Avant-propos

Les communications avant le chemin de fer

Le chemin de fer

— Établissement et exploitation d’une ligne

— Le chemin de fer d’intérêt général en Béarn

— Les lignes de chemin de fer en Béarn
à la veille de la Grande Guerre

Le chemin de fer d’intérêt local

Une région bouleversée

Les tramways urbains à Pau

Le funiculaire de Pau

Ouvrages et documents consultés

Table des illustrations

N’hésitez pas à ajouter ce livre dans votre bibliothèque, vendu 20 € en librairie, 27 € frais de port compris à La Vie du Rail.

Un détail, l’auteur est adhérent du CRÉLOC.

En vacances

El pregón de las fiestas

Le discours des fêtes

Le discours des fêtes, le vendredi 13 juillet 2012 au soir pour l’ouverture des fêtes de Canfranc-Estación, portait principalement sur le train, bien entendu.

Au balcon de la mairie, on peut notamment remarquer la présence du maire de Canfranc, Fernando Sánchez Morales, du porte-parole de la CREFCO, Benjamin Casanova, et du président du CRÉLOC, Alain Cazenave-Piarrot.

Le balcon de la mairie de Canfranc…

[photo Jesús Crusellas]

Deux jours plus tard, la commémoration du 84e anniversaire de l’inauguration de Canfranc, le dimanche 15 juillet au matin.

La foule des Espagnols est toujours assidue à cet événement.
[photo Jesús Crusellas]

Quatre représentants du CRÉLOC étaient également présents, plus un responsable de la FNAUT de Dordogne. Le thème de cet anniversaire était le Canfranc et le cinéma, ce qui a donné un lustre particulier à la manifestation. Après les discours d’usage, une actrice a lu une histoire de rencontre transfrontalière en 1928. Puis ce fut l’acte symbolique à l’entrée du tunnel du Somport. La projection de deux films a été faite à l’école, dont notamment « L’or du Canfranc » rappelant les heures sombres de la Deuxième Guerre mondiale.

En gare de Canfranc au mois d’août 2012

« Un chemin de fer respectueux de l’environnement et des Pyrénées : Le Canfranc » :
une banderole que nous aimerions bien voir côté français
.
[photo François Rebillard, 2012]

En semaine, le train de maïs — chargé par des camions venus de France —
descend sur Saragosse
.
[photo François Rebillard, 2012]

Quatre-vingt-quatre ans et toujours impressionnant par sa taille,
le bâtiment des voyageurs de la gare de Canfranc
.
[photo François Rebillard, 2012]

Amis et amies internautes, bonne rentrée à tous ! et au plaisir de vous compter encore plus nombreux parmi les adhérents du CRÉLOC.

Réflexion

Oui, il y a de la nostalgie !

Nous entendons souvent dire, dans les réunions du CRÉLOC, surtout lors des anniversaires et dans l’attente de la réouverture, c’est-à-dire l’attente du retour du train, que nous ne devrions pas « ressasser le passé ». C’est sans doute vrai, nous ne nous éclairons plus avec un fanal de garde-barrière, cependant il n’en demeure pas moins que la nostalgie est toujours un puissant moteur.

Le mot lui-même, « nostalgie », contient tout le programme du CRÉLOC, car il est bâti sur le grec nostos, « le retour » et algos, « la douleur ». C’est ce qui a mû Ulysse pour revenir à Ithaque, et on a vu comment il était « motivé », car la nostalgie est une puissante locomotive.

L’autorail Pau–Oloron dans la plaine d’Escout semble un modèle réduit,
cependant c’est bien lui qu’on remarque au cœur du paysage…

[photo François Rebillard, 2012]

et ça s’entend…

Pour s’en convaincre, et enfoncer le tire-fond sur cette question, on va se reporter à une vieille chanson d’André Claveau que la plupart d’entre-nous ont en tête. Nous n’insisterons pas davantage, car c’est une innocente chanson au premier abord, nous nous contenterons d’accentuer les mots qui nous parlent plus particulièrement.

Le petit train

André Claveau, paroles et musique de Marc Fontenoy, 1952.

Pour se rappeler l’air, voir un petit clip sur le navigateur

Un p’tit train s’en va dans la campagne
Un p’tit train s’en va de bon matin
On le voit filer vers la montagne
Tchi tchi fou, tchi tchi fou,
Plein d’entrain…

Dans les prés, il y a toujours des vaches
Étonnées de voir encore passer
Ce p’tit train qui lâche des panaches
Tchi tchi fou, tchi tchi fou,
De fumée…

La garde-barrière agite son drapeau rouge
Pour dire bon voyage au vieux mécanicien
Mais dans les wagons nuls voyageurs ne bougent
Car ils prennent tous le car et le train ne sert à rien

Le p’tit train qui veut croire aux miracles
L’air de rien s’en va en sifflotant
Et les veaux admirant le spectacle
Tchi tchi fou, tchi tchi fou
Sont contents…

Hélas, il y a des gens qui trouvent que c’est exagéré
De donner tant d’argent
pour qu’un p’tit train
Aille se promener…

Alors, ils lui ont dit, cette fois-ci, c’est bien fini
Profites-en, c’est ta dernière sortie…

Un p’tit train s’en va dans la campagne
Un p’tit train s’en va de bon matin
On le voit filer vers la montagne
Tchi tchi fou, tchi tchi fou,
Plein d’entrain…

Il revoit les champs et les rivières
Et les voies qui sentent bon l’été
Il revoit toutes les humbles chaumières
Tchi tchi fou, tchi tchi fou,
Dans les près…

Le train ralentit près de la garde-barrière
Et le mécanicien la salue de la main
Elle voit le feu rouge du wagon arrière
Qui s’éloigne doucement et se perd dans le lointain…

Le p’tit train a perdu la bataille
C’est la fin de ces belles flâneries

Il s’en va vers le tas de ferraille
Tchi tchi fou, tchi tchi fou,
C’est fini…

Mais plus tard, lassés des grands voyages
Nous penserons souvent au petit train
Qui flânait parmi les verts bocages
Tchi tchi fou, tchi tchi fou… tchiiiiiiiiiii !
Nous… le… regretterons… bien…

Oui, nous le regrettons. Le regret va de pair avec le « regrès », selon le mot d’Élisée Reclus (amateur orthézien du chemin de fer), nous avons pensé un moment que « le train ne sert à rien » et nous voyons aujourd’hui que le train est indispensable, il représente plus que jamais le progrès, un progrès mû par une puissante nostalgie qui se voit partout dans le monde, surtout à travers les ferrovipathes, et le ressentiment des brebis…

Ces brebis ont la noslagie du temps où elles empruntaient impunément le platelage
qui sera désormais la voie du retour vers Bedous, l’Ithaque aspois.
(On ne voit pas Polyphème qui les garde).
[photo François Rebillard, 2012]

 

Perspective

Déjà 42 ans… mais on avance !

Le 42e anniversaire de la fermeture du Canfranc, a eu lieu lle 27 mars 2012.
Et entre Urdos et les Forges d’Abel il reste si peu à faire !…

[photo François Rebillard, 2012]

et ça se voit…

… mais il y en a pas mal de fait :
au PN 22 à Herrère, entre Oloron et Pau,
on peut voir l’avenir du Canfranc : un matériel récent sur une voie neuve, et…

[photo François Rebillard, 2012

les gares font peau neuve

… à Pau, en un an de travaux de nuit, les 2 800 m2 de la marquise
ont été entièrement rénovés pour 3,4 M€…

[photo François Rebillard, 2012]

… à Oloron-Sainte-Marie, la place de la gare a été totalement restructurée
(revêtement, parking, abri-bus, plantations…) pour 210 000 €.

[photo François Rebillard, 2012]

Travaux de fin d’hiver

Travaux préalables pour la constitution du dossier
d’enquête d’utilité publique portant sur la
« reprise des circulations ferroviaires entre Oloron et Bedous »

Travaux de géomètre aux abords de Lurbe-Saint-Christau

[photo François Rebillard, 2012]

Études de sol aux abords du PN 50 à Sarrance

[photo François Rebillard, 2012]

Une carotteuse aux abords des Fontaines d’Escot

[photo François Rebillard, 2012]

Lu dans la presse

Article de Sud Ouest du 15 février 2012

Compte rendu de la réunion publique à Oloron
sur le projet de réouverture Oloron–Bedous

Ligne Oloron-Bedous :
RFF informe les riverains

Environ 50 personnes ont écouté les explications de Réseau Ferré de France lundi 13 février 2012

« C’est un passage vers Canfranc », a rappelé Bernard Uthurry lundi soir en ouvrant la réunion organisée par Réseau Ferré de France (RFF) au sujet de la réouverture de la ligne ferroviaire Oloron–Bedous.

Une réunion qui concernait plus particulièrement les riverains d’un premier tronçon Oloron—Bidos–Gurmençon et qui a rassemblé une cinquantaine de personnes à la mairie d’Oloron. Premier vice-président chargé des infrastructures à la Région, Bernard Uthurry a rappelé que 105 millions d’euros avaient été alloués par vote par la Commission permanente du Conseil régional pour financer ce projet en totalité.

« Les études ont commencé au mois d’octobre », a souligné Pascal Petel, directeur régional adjoint de RFF. Cette ligne de 24,5 km entre Oloron et Bedous doit être apte à recevoir du fret dans quelques années, a-t-il précisé. Les études sont également faites dans la perspective d’une électrification à terme de cette ligne. »

 

Sur le plan de la circulation des trains, 4 allers-retours sont prévus entre Oloron et Bedous, plus deux allers-retours Oloron–Bidos où se trouve l’entreprise Messier. La voie étant unique, le train qui ira à Bedous assurera le retour.

28 ponts, 46 ouvrages hydrauliques, plus de 4 km de murs de soutènement, 7 tunnels pour une longueur totale de 1 300 m : ainsi se décline la partie technique de la ligne. « Elle comporte 27 passages à niveau. 7 seront supprimés, 16 resteront ouverts et seront automatisés, un autre sera remplacé par un passage à niveau piéton et deux seront dénivelés avec la création de ponts permettant de passer sur la voie ferrée », a présenté Gilles Normand, directeur d’opération délégué du cabinet Systra, maître d’ouvrage mandaté par la Région sur ce chantier. « Les études vont se poursuivre cette année, le dossier sera transmis à l’État pour qu’il amorce l’enquête publique qui se fera début 2013. Les travaux devraient démarrer fin 2013 pour une mise en service fin 2015 », a annoncé Pascal Petel, qui a parlé d’un coût de 122 millions d’euros.

Au cours de la discussion qui a suivi, la vitesse de la ligne a été abordée. Elle sera en général de 80, voire 90 km/h et permettra de relier Bedous à Pau en une heure.

« La SNCF nous a dit qu’il n’y aurait jamais de réouverture et quid des nuisances subies par les riverains ? » a demandé une dame. « Une étude d’impact sera présentée dans l’étude publique », lui a répondu Pascal Petel. « La SNCF n’a jamais fermé cette ligne administrativement, je la vois mal dire qu’elle ne rouvrira jamais », a ajouté Bernard Uthurry.

Le plus virulent a été Georges Manaut, propriétaire d’une maison de garde-barrière à Gurmençon et farouche opposant dès le départ. « C’est un projet loufoque, ni économique, ni écologique. C’est de l’enfumage ! » s’est-il exclamé. « Le bus Oloron–Canfranc ne transporte que 4 passagers et il consomme 3 fois moins de gas-oil que les locomotives de ce train », a-t-il dénoncé.

Bernard Uthurry lui a rétorqué qu’une entreprise de 800 personnes située sur cette voie allait investir 50 M€ (Messier, nos éditions précédentes) et fixer ces emplois. Quant aux aides de l’Europe, elles aussi mises en doute par la riveraine précitée, Frédéric Tobler, chef de la mission grands projets au Conseil régional, a annoncé que le financement de la moitié des études venait d’être accepté par l’Europe.

122 ou 105 millions d’euros ?

L’accès aux personnes à mobilité réduite, notamment à des wagons plus hauts que les quais a été abordé. « En plus du conducteur, il y aura un accompagnateur dans les trains », a avancé Gilles Normand.

Pour André Paillas, maire de Bidos, la sécurité des riverains prime. L’assurance que dans les parties urbanisées la voie serait grillagée lui a été donnée.

Pierre Hourticq, du comité des riverains de la RN 134 à Gurmençon, a rebondi sur des chiffres qui ne lui ont pas échappé. « La Région a voté 105 millions d’euros. Or, à RFF, vous parlez de 122 millions d’euros. Ces 17 millions de différence nous seraient bien utiles pour la déviation Asasp–Gurmençon », a-t-il suggéré. « Ces 122 millions sont calculés par RFF dans une hypothèse large de passages à niveau à refaire dans le cadre de la circulaire Bussereau. C’est en calculant au plus près de ceux qu’il faudra vraiment retoucher que nous sommes arrivés à 105 millions d’euros », a expliqué Frédéric Tobler.

Sans doute rassuré par la courtoisie qui a régné pendant toute la réunion, un autre riverain a dit qu’il était très content que la ligne rouvre. « Et pour le bus entre Oloron et Bedous, il y a 56 voyageurs par jour et 120 en été », a-t-il précisé à Georges Manaut.

« Nous reviendrons à la fin de l’été ou au début de l’automne pour rendre compte de l’avancement du projet », a conclu Pascal Petel qui a repris son bâton de pèlerin pour les deux autres réunions programmées dans un premier temps.