Le butoir d’Oloron
Le symbole majeur de ce que le CRÉLOC doit faire sauter dans les consciences :
le butoir réglementaire de la gare d’Oloron, en direction de Canfranc.
[photo François Rebillard, décembre 2013]
Article de La Lettre développé
Le format de La Lettre du CRÉLOC de l’hiver 2013-2014 ne permettait pas la parution intégrale de l’article montrant l’attente des Espagnols pour la réouverture de la partie française de la ligne Goya. Voici l’article intégral, nous le rangerons ensuite dans nos dossiers.
L’Aragon en attente
La crise affecte les infrastructures espagnoles
L’Espagne a réalisé un très grand effort dans le domaine de la haute vitesse ferroviaire (voyageurs interrégionaux). Elle est le pays du monde qui en compte le plus de kilomètres par habitant.
Mais la crise est passée par là, et le réseau ancien n’a pu être gardé à niveau ; il est utilisé par le trafic de marchandises, assez marginal (5 % des transports terrestres). Des lignes anciennes ferment, des arrêts sur les lignes existantes sont supprimés, au grand dam des usagers.
Il avait été créé un groupe quadripartite (États français et espagnol, Régions Aquitaine et Aragon) qui s’est prononcé en novembre 2011 sur le rétablissement du trafic international Pau–Saragosse.
Un calendrier de la réouverture devait être établi (il a fallu que nous attendions mars 2013 pour l’avoir), et une étude sur l’impact socio-économique de cette réouverture demandé à l’État français, qui n’a pas été réalisée.
La politique de l’Aragon sur la liaison transfrontalière
La voie ferrée Saragosse–Canfranc possède un trajet commun avec la ligne classique Saragosse–Barcelone jusqu’à Tardienta. Sur ce tronçon, elle possède deux voies, l’une à écartement ibérique, l’autre avec le standard européen. Depuis Tardienta jusqu’à Huesca, une seule voie reste avec le double écartement, et elle est électrifiée.
Des projets de réhabilitation entre Huesca et Jaca existent et commencent à connaître des suites.
Le Canfranc a toujours une bonne image en Aragon : sa construction a été, en son temps, le moteur du développement économique, et le désenclavement par le nord un puissant facteur.
Le Partido Popular, majoritaire en Aragon (et en Espagne), n’a donc pas eu de mal à signer le protocole d’accord de mars 2013 avec la Région Aquitaine.
Il appelle maintenant l’État espagnol à prendre le relais, comme il le demande aussi à la France.
Les attentes du monde économique de Saragosse
Depuis longtemps, la volonté des entrepreneurs aragonais est de commercer avec l’Europe du nord et de s’insérer dans le réseau européen. Pour ce faire, ils n’ont que les deux sorties de part et d’autre des Pyrénées (Hendaye et Portbou). Un accès direct à Dax ou Narbonne par Canfranc aurait le mérite de court-circuiter ces goulets d’étranglement et d’être plus direct.
Beaucoup d’entreprises de Saragosse sont fortement exportatrices : Général Motors voitures, BSH électroménager, SAICA papier…
Le trafic qui traverse les Pyrénées vers le nord n’a pour l’instant d’autre alternative que les camions. Et ces industries pensent très fortement à utiliser le Canfranc. Une réunion à laquelle participaient une cinquantaine de chefs d’entreprises l’a réaffirmé en 2006 à Saragosse.
Tout le monde a entendu parler de la plateforme multimodale Plaza gérée par l’ADIF (équivalent espagnol de RFF).
Mais il existe aussi une gare de triage privée : Terminal Maritima de Zaragoza appartenant au port de Barcelona et à l’entreprise Mercazaragoza. Un programme, ALIA, a créé un forum d’intermodalité où sont étudiées les possibilités de constituer des trains multi-clients. De cette gare, trois trains de 1000 tonnes partent actuellement chaque semaine, et le potentiel est non négligeable. Par exemple de la luzerne déshydratée est envoyée dans les Émirats Arabes.
Cette gare est en pleine expansion. Donc l’ensemble des échanges économiques de l’Aragon offre un potentiel incomparable.
C’est pourquoi la confédération régionale des chefs d’entreprise d’Aragon et le président des chambres de commerce et d’industrie d’Aragon ont cosigné, le 16 mars 2012, avec les divers partis politiques, des syndicats et la CREFCO (notre homologue aragonais) un document :
« AHORA EL CANFRANC » dont vous trouverez la traduction ci-jointe.
Quelles perspectives ?
Bien sûr, il semble que nous ayons dans la région un potentiel économique moindre, mais le flux sud-nord prévisible permettrait, en retour, un développement nord-sud.
Et ceci nécessite que la liaison soit rétablie le plus rapidement possible, d’emblée avec le même écartement européen, et une ligne électrifiée.
Cela aurait l’avantage d’éviter l’invasion des Pyrénées par les poids lourds.
Qui nous dira qu’une ligne internationale existante, avec de telles possibilités, n’est pas un pari d’avenir ?
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Jacques Couratte-Arnaude et Luis Granell.
Extrait de la carte ferroviaire de la RENFE
L’embrachement ferroviaire de Tardienta, au nord-est de Saragosse.
[photo Luis Granell]
Sur la photo, à l’horizon, la gare de Tardienta dans laquelle on distingue la voie qui s’éloigne au fond à droite, c’est la classique à écartement ibérique vers Barcelone. Les deux voies qui s’incurvent à gauche se dirigent vers Huesca, l’une à écartement ibérique (celle qui bifurque de la voie de Barcelonne), l’autre, à l’extrême gauche, est à écartement standard (UIC).
Été comme hiver, y a toujours une activité vers les Pyrénées
provisoirement infranchissables…
[photo François Rebillard, décembre 2013]
La RENFE envoie encore ses trains à Canfranc, mais ils devront faire demi-tour,
l’Aragon attend toujours…
[photo François Rebillard, décembre 2013]
revoir le film du 2 février :