Le tunnel ferroviaire d’Etsaut sauve les Aspois

Le tunnel ferroviaire d’Etsaut
sauve les Aspois

Tout est bloqué,
sauf la future voie
Oloron-Canfranc !

L'humour (involontaire ?) de la une de Sud Ouest, juxtaposant deux événements qui se télescopent, illustre la fragilité de la conception « tout-par-la-route » ou « tout-camion-tout-goudron » face à la répartition équilibrée des modes de transport.

Le dimanche 6 janvier 2008, au matin 

La RN 134 est coupée à toute circulation
depuis jeudi 3 janvier en raison d’un éboulement.
 

Cet éboulement s’est produit à mi-chemin entre Cette-Eygun et Etsaut.

Les habitants des trois villages de la haute vallée d’Aspe (Borce, Etsaut et Urdos) n’ont d’autre solution, pour rejoindre travail, écoles et commerces, que de passer à pied par le tunnel ferroviaire. Toutefois, ils pourraient aller faire leurs courses en Espagne : Canfranc est au bout du tunnel sud avec ce qu’il faut de magasin et l’essence moins chère.

Le tunnel sauveur est celui de Sens, au PK 285, il est long de près de 400 mètres. Il est en courbe et donc sans lumière naturelle en son milieu: EDF installait des projecteurs. Des escaliers ont été sommairement taillés dans le talus par la DDE pour faciliter l’accès au tunnel (planches en contre-marche et cordes d’appui) : il longe la route nationale en la surplombant d’environ 5 mètres.

Le sous-préfet d’Oloron-Sainte-Marie, Jean-Louis Tronco, était sur place, interviewé par Antenne 2, il expliquait que sa préoccupation était le quotidien des 300 habitants pour lesquels il réquisitionne un hélicoptère pour le médecin et le vétérinaire.

L’éboulement est passé au-dessus du tunnel.

Le tunnel a joué le rôle de paravalanche, certes, mais ne faisons pas les malins, il suffit de voir une traverse éclatée et un rail tordu à 45° pour se rendre compte de la violence des chocs des rochers déjà tombés auparavant sur la voie. D’ailleurs, sur ce tronçon, on peut voir encore les poteaux en béton et leur nappe d’isolateurs qui supportaient des détecteurs d’avalanches, installés jadis dans le secteur. Nous sommes donc dans un secteur particulièrement dangereux où la montagne « travaille ». Ni le rail ni la route n’auront un sort meilleur si les falaises surplombant la zone lâchent leurs masses de rochers.

En revanche, je suis persuadé que si la ligne était en service, les efforts conjugués de RFF et de la DDE auraient contribué à assainir le secteur.
F. R.

L'endroit se nomme
« le défilé de Sens »
est-ce un calembour ?

L'éboulement est intervenu en rive est, c’est-à-dire rive droite du gave, dans une des parties les plus resserrées de la traversée des Pyrénées. Le défilé commence en amont à Etsaut et Borce, pour s'élargir un peu en aval sur la commune de Cette-Eygun.

Les photos de Sud Ouest nous montrent l'aspect feuilleté de la roche calcaire se délitant par bancs.

C'est l'étroitesse du secteur et le risque permanent qui avaient déterminé les ingénieurs des années 30 à creuser le tunnel de Sens qui retrouve aujourd'hui une fonction inattendue.

C'est lorsque le pétrole atteint les 100 $ et lorsqu'on craint partout pour notre patrimoine naturel que cet avertissement prend tout son sens, ce qui restera pour certains un calembour facile, mais qui ne demeure pas moins d'une actualité très tendue.

Remarque. — Pour ceux qui sont attachés à la culture des Aspois, on va tout de même dire que le défilé de Sens a bénéficié d'une faute d'orthographe, il aurait fallu écrire Sanç, comme Sanche, qui est un nom de personne aspois, comme l'atteste le lieu-dit Sanson à proximité.